Ce mois-ci je vous présente ... Geckolepis megalepis !

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Crédit: A. Anker/Wikimedia Commmons

Crédit: A. Anker/Wikimedia Commmons

Cette espèce appartenant au clade des Gekkota, ou geckos, se rencontre au nord de Madagascar, dans le Parc National d’Ankarana. En 2017, des chercheurs allemands ont annoncé sa découverte dans un article publié chez Peerj. La petite bestiole y est largement décrite grâce notamment à une méthode de scan par microtomographie aux rayons X qui a permis de reconstituer des images 3D du squelette de l’animal.

Mais peu importe. Si j’ai décidé d’écrire un article sur ce gecko, ce n’est pas pour les jolies images de son squelette. C’est plutôt par rapport à l’incroyable diversion qu’il met à l’œuvre pour échapper à ses prédateurs.

clade : le regroupement d’un ensemble d’espèces ayant un ou plusieurs traits communs

Ce terme sert pour classer les êtres vivants grâce à la classification phylogénétique. L’un des caractères communs des Gekkota est leur capacité à se déplacer sur des surfaces verticales ou au plafond grâce à des structures ressemblant à des poils situées sous leurs doigts, multipliant ainsi la zone de contact et donc l’adhérence. Pour en savoir plus je vous conseille d’aller faire un tour sur cet article du blog Science étonnante.

 

 

Avant de vous parler de la stratégie de survie de Geckolepis megalepis, laissez-moi vous le présenter.

Selon l’étymologie, son nom scientifique signifie : μεγας (mégas) = grand et λεπ ́ις (lepís) = écaille. Autrement dit, gecko à grandes écailles.

Son nom vernaculaire (son nom commun) est ‘‘gecko à écailles de poissons’’ en référence à ses larges écailles superposées, comme celles des poissons. Elles sont, soit dit en passant, les plus larges observées chez le clade Gekkota.

G.megalepis est endémique de Madagascar et de l’Archipel des Comores. Il vie généralement dans les arbres ou sur des tsingy, des pics de roches calcaires. Les spécimens étudiés par les chercheurs allemands étaient présents dans la Réserve spéciale d’Ankarana, situé sur l’île de Madagascar. 

endémique : ce dit d’une espèce présente exclusivement dans une zone géographique délimitée, elle ne se trouve nulle part ailleurs sur Terre

 

Dernières infos, ce petit gecko d’un corps de 70mm de long et d’une queue mesurant 80mm de long, a un mode de vie nocturne.

Maintenant que vous en savez un peu plus sur cette espèce, découvrons ce qui la rend si surprenante.

 

Connaissez-vous l’autotomie ?

L’autotomie désigne la capacité de certaines espèces à se départir d’un morceau de leur corps. Le plus souvent, cette pratique est observée chez des lézards qui perdent leur queue lorsqu’un prédateur s’en saisi. Au sens strict du terme, autotomie signifie ‘‘perte auto-induite’’, pourtant se terme est également employé lorsque la perte est induite par un agent externe et facilité par la structure de la partie détachable du corps de l’animal ayant recourt à une telle stratégie de diversion.

Le cas d’autotomie le plus connu est celui du lézard qui perd sa queue lorsqu’il est attrapé par un prédateur, appelé autotomie caudale. Cette stratégie coûteuse pour l’animal, qui doit ensuite en faire pousser une nouvelle, n’en ai pas moins très efficace. Le prédateur étant trompé par la queue parcourue de spasmes nerveux restée entre ses mâchoires, alors que sa proie se fait gentiment la malle.

 

Geckolepis megalepis a également opté pour cette stratégie de survie.

Lorsqu’il est attrapé par un prédateur, il n’hésite pas à abandonner ses écailles pour s’échapper. Et ça marche ! En tout cas, selon les chercheurs qui ont eu bien du mal à en capturer.

Marck D. Scherz, chercheur à l'Université Ludwig Maximilian de Munich en Allemagne et responsable de l’étude a d’ailleurs expliqué que, malgré l'énorme dépense d'énergie utilisée pour la repousse de ses écailles, cette stratégie reste une meilleure option que de se faire manger.

« Peu importe le prix de cette régénération, il ne peut pas être plus conséquent que de perdre la vie pour un prédateur. […] Donc, quand bien même le prix est énorme, ça fonctionne. C'est une stratégie évolutive très intéressante. »

Crédit: F. Claw

Crédit: F. Claw

Cette incroyable diversion ne se retrouve pas seulement chez notre ami. En effet, les autres geckos appartenant au genre Geckolepis sont également adeptes de l’exfoliation. Ainsi, Geckolepis maculata, un proche parent de G.megalepis vivant aussi à Madagascar, peut détacher une bonne partie de son tégument lorsqu’il se retrouve coincé entre les mâchoires d’un prédateur. Toutefois, pour que cela arrive il faut que le gecko soit bien maintenue, contrairement à G.megalepis qui fait tomber ses écailles à la moindre pression.

tégument : c’est le tissu, ou un ensemble de tissu, qui recouvre un organisme vivant, aussi appelé peau

 

Les espèces de ce genre ont également recours à l’autotomie caudale et, fait surprenant, les spécimens G.megalepis examinés par les chercheurs avaient tous leur queue originelle.

Ce qui rend Geckolepis megalepis encore plus atypique, c’est la simplicité avec laquelle ses écailles se détachent et la rapidité de leur régénération.

 

Alors voilà, j’espère que ce petit gecko plein de surprises aura su attiser votre curiosité. Merci d’avoir lu cet article jusqu’au bout et n’hésitez pas à me laisser un petit commentaire. Je serai ravie de savoir ce que vous pensez de ce gecko à écailles de poissons !

Crédit: LeotideLH

 

 

Publié dans Ce mois-ci..., Monde Animal

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L
Fascinant et une superbe explication sur ce petit monstre ????
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Ravie que ça t'ait plu !